...du sombre individu tout en le dénonçant comme raciste d'un certain point de vue qui me semble désagréable et devrait comme tel susciter de nombreux remords tant chez l'auteur que chez le lecteur, tout ça à cause d'une discussion par moi saisie sur un forum dont la fin était de justifier les propos du diariste en citant des écrits d'auteurs africains allant dans le même sens.
D’où cette innocente question (et ce qui s’ensuit): peut-on comparer le jugement, aussi brutal soit-il, émis par un homme et un citoyen sur les moeurs de sa propre société (jugement qui constitue en fait un argument politique dans le cadre d'un débat public relatif à des choix sociétaux, moraux, économiques et culturels engageant l'avenir du pays et le modèle de civilisation qu'on souhaite lui voir adopter) avec le jugement à l'emporte-pièce porté de l'extérieur par un individu qui s'exclut lui-même du champ de sa critique tout en usant d'un langage racialisant désignant de manière indifférenciée un ensemble d'individus dont le seul point commun est la pigmentation de l'épiderme et qui ne saurait en aucune manière être considérés comme constituant une société à part entière ? En l'occurrence les propos de M. Sevran sont bel et bien racistes non parce qu'il dénoncerait le caractère excessif et handicapant de la natalité d'une partie de la population africaine mais parce qu'il racialise la chose en la décontextualisant. En utilisant le terme de « noir » plutôt que celui « d'africain » il transforme ce qui relève de problématiques culturelles et sociales en phénomènes afférents (pour ne pas dire conséquents) à une appartenance ethnique transnationale et transcontinentale, ce qui revient à faire relever le régime démographique de toute ou partie des sociétés africaines de l’époque actuelle d'une essence qui déterminerait a priori quiconque est noir à s'adonner à une reproduction effrénée de l'espèce, c'est-à-dire de la race si on respecte la logique induite par le langage utilisé par M. Sevran.
Cela est d'autant plus vrai que la notion de « noir » n'a de sens que relativement à la société d’où l’on cause : au Sénégal, 99% au moins de la population a la peau noire et je doute que, dans ce pays, quiconque se définisse ou soit défini comme Noir. D'ailleurs il existe de nombreuses nuances de couleur de peau entre les divers régions et peuples de l'Afrique noire, comme il en existe entre les populations blanches d'Europe et du pourtour méditerranéen ou les populations jaunes de l'Asie –je crois, à ce sujet, avoir lu ou entendu quelque part que tel peuple (les Peuls mais je n'en suis pas sûr) décrété noir par le regard du colonisateur européen était considéré comme blanc du fait de la peau claire de ses membres par les autres peuples ouest-africains, avant la colonisation du moins ; je crois même me souvenir que les Africains, dans des temps relativement lointains, avant que l'Homme blanc ne leur aient imposés ses représentations du monde, percevaient et désignaient les Européens comme des hommes bleus, et non pas blancs. En fait il n'y a de Noir que dans une société dont la majeure partie de la population a la peau claire, une société qui ne comptait, originellement, pas de Noirs parmi sa population, soit qu’effectivement il n’y avait personne qui eut la peau noire (en Finlande j’imagine ou en Pologne), soit que les Noirs n’étaient pas considérés comme membres à part entière de la société humaine (aux Amériques par exemple) soit que la société préfère omettre de se souvenir qu’il y avait des Noirs en son sein avant que des Africains noirs y émigrent (comme en France métropolitaine qui comptaient des habitants noirs déjà au dix-huitième siècle, c’est ainsi que sous la Révolution française des ressortissants des Antilles, c’est-à-dire des Français au même titre que les Normands, ont combattu dans les armées républicaines qui comptaient 12 généraux noirs, sans compter des centaines d’officiers et des milliers d’hommes, au moment où Napoléon le Grand amincisseur --on oublie trop souvent de rappeler qu’aucun régime n’a rétréci la France comme l’Empire napoléonien et que si le Napoléon III a fait perdre à la France l’Alsace et la Lorraine le grand Napoléon premier a fait perdre à notre pays les dix départements qui forment aujourd’hui la Belgique et le Luxembourg, les trois départements rhénans incluant notamment Aix-la-Chapelle, capitale de Charlemagne, ainsi que les départements qui avaient été constitués en Suisse romande-- décida de rétablir l’esclavage).
Ainsi donc l’usage de ce terme de « noir » utilisé par M. Sevran pour désigner les objets de son ire ne peut avoir de sens qu’en tant qu’on en juge depuis une société qui, si elle ne se définit pas explicitement comme blanche, n’en éprouve pas moins le besoin de qualifier et d’identifier spécifiquement ses membres à la peau noire du fait même de cette couleur de peau. Chacun sait qu’il n’y a pas de race mais nous faisons tous comme s’il était évident qu’existaient des blancs et des noirs : il nous semble évident de considérer les Portugais comme blancs alors qu’objectivement la couleur de peau d’un Portugais natif est souvent plus proche de celle de certaines ethnies africaines que des populations slaves. Ce qui existe réellement ce sont des nuances de couleur de peau qui vont du très clair au très foncé et non une frontière franche entre des Noirs et des Blancs, mais c’est cette frontière que nous percevons. De le même manière on assimile généralement à des Noirs les personnes nées d’unions que nous appelons mixtes (sous prétexte que ses deux membres n’ont pas la même couleur de peau : pourquoi un homme noir et une femme blanche ou un homme blanc et une femme noire forment-ils un couple « mixte » ? un homme et une femme de la même couleur forment-ils donc un couple non mixte ? faut-il alors le considérer comme homosexuel puisque il n’est pas mixte ? et dois-je, si c’est le cas, dénoncer à la justice mon père et ma mère qui sont tous les deux blancs et qui sont mariés depuis 35 ans au motif qu’ils forment tous deux un couple homosexuel bien qu’ils soient de sexes différents et qu’ils ont contracté un mariage civil, et religieux, illégal, attentant par leur acte monstrueux à l’intégrité du Code civil, autant dire à l’unité nationale ?) : pourquoi identifie-t-on comme noire une personne que notre raison nous indique pourtant comme à moitié blanche du fait de sa couleur de peau ? et pourquoi jamais ne la désignera-t-on comme blanche alors qu’elle est biologiquement autant noire que blanche ? Si nous considérons souvent comme noire la personne née d’une union dite mixte, et en tout cas jamais comme blanche, c’est sans doute que dans notre société la moitié noire abolit la moitié blanche, c’est-à-dire qu’on préfère faire comme si la personne qu’on sait mi-noire mi-blanche était tout simplement noire et ne pouvait être perçue et reconnue socialement comme résultat d’un mélange égal des deux couleurs : il nous est inimaginable et inacceptable qu’on puisse être à moitié blanc et à moitié noir c’est-à-dire que les deux couleurs puissent être égales, aussi nous préférons omettre la moitié blanche et « faire comme si », comme si la personne n’était que noire.
S’il en est ainsi, n’est-ce pas parce qu’il est socialement et culturellement posé que le Noir et le Blanc ne peuvent être égaux, ce qui signifie dans une société majoritairement blanche où l’on enseignait il y a encore peu dans les écoles que les Noirs étaient inférieurs aux Blancs, qu’ils étaient des grands enfants, que les hommes à la peau blanche sont évidemment supérieur à ceux à la peau noire. Le fait est toutefois qu’on ne peut plus tenir raisonnablement ce discours de la supériorité et de la hiérarchie entre les races. Mais comme nous refusons obstinément de reconnaître que les Noirs sont des hommes au même titre que nous qui sommes Blancs (qui nous faisons tels), que nous voulons à toute force qu’ils soient des hommes différents de nous qui sommes blancs, nous nous rabattons sur l’idée d’une meilleure qualité morale de l’Homme blanc sur l’Homme noir, celui-ci étant certes un homme aux capacités physiques égales à celui-là (le sport nous le démontre tous les jours, d’autant plus que les noirs sont surreprésentés dans le sport roi en France qu’est le football, sans doute parce que les champions de ce sport sont tous ou presque issus de milieux populaires et que les noirs sont surreprésentés dans ce milieu, sans doute aussi parce que les bons joueurs de foot quand ils sont noirs et issus de milieu modeste savent que la société leur sera plus rude qu’à leurs homologues blancs et qu’ils ont donc tout intérêt à s’investir à fond dans leur carrière sportive, alors qu’un bon joueur blanc de même niveau sachant qu’il aura des possibilités professionnelles par ailleurs s’investira peut-être plus mollement), celui-ci étant de même un homme aux capacités intellectuelles égales à celui-là (on voit bien que Lilian Thuram sait parler aussi bien et même beaucoup mieux que bien des joueurs de foot blancs, sans parler deM. Roselmack qui s’habille tellement bien et qui parle aussi super bien le français à tel point qu’on en vient à se demander si son téléviseur est bien réglé, et tous ces enseignants et ces médecins), considérant également les artistes, comédiens, chanteurs, écrivains noirs reconnus par leurs pairs noirs comme blancs. D’ailleurs le seul fait que la société (dont nous sommes les acteurs et non les victimes) établisse des catégories distinctes et nous fasse voir des Blancs et des Noirs, jusque-là où il n’y a rien à voir, rend nécessaire de leur attribuer une substance : puisque noir et blanc ne veulent rien dire au plan biologique, pas davantage en terme de couleur de peau réelle (il existe bien des Blancs au teint plus sombre que certains Noirs et pourtant ils sont bien blancs, s’ils n’ont pas de Noirs dans leurs ascendants, comme ces Portugais dont je parlais plus haut, alors que le produit d’une union dite mixte est toujours ou presque noire, autrement elle est métis mais jamais blanche, quand sa peau peut être très claire et même plus claire que celle de certains Portugais considérés comme blancs) et que l’idée d’une domination des races sur les autres est devenue indicible voire impensable ; puisque il faut bien donner une substance à ces catégories distinctes de blanc et noir que nous nous refusons à abolir et que le Noir court aussi vite et pense aussi bien que le Blanc, il ne nous reste plus que la morale, à nous qui sommes blancs, pour nous différencier.
En tout état de cause il est inacceptable de considérer comme véritablement égaux les Noirs et les Blancs, plus précisément il est inacceptable que le groupe des Noirs soit égal au groupe des Blancs. C’est ce que montre à mes yeux l’aisance avec laquelle notre cerveau identifie comme noir quiconque est métis, parce que reconnaître qu’on puisse être à moitié blanc à moitié noir serait placé à égalité ces deux portions et par conséquent, si ces deux moitiés déterminent également la reconnaissance sociale de l’individu qui en est composé, que la moitié noire égale la moitié blanche et donc, par extension, que le Noir égale le Blanc. Mais nous savons bien que le Noir court aussi vite que le Blanc, qu’il est aussi intelligent ou con. Nous savons bien cela, comme nous savons que les aptitudes physiques sont liées à l’espèce et au hasard de la génétique, que notre brillant cerveau qui consomme 20% de notre énergie nous a été donné par la nature et cultivé par la vie en société qui lui permet de développer ses potentialités naturelles : tout cela relève de l’espèce homo sapiens sapiens et se trouve distribué parmi les hommes de manière aléatoire autant qu’injuste mais ça n’a rien d’humain au sens où nous entendons ce mot, c’est-à-dire que ce qui est humain est ce qui nous fait oublier que nous sommes des mammifères bipèdes appartenant à la famille des primates, ce qui trace la frontière entre l’homme et l’animal : ainsi le génocide constitue-t-il un crime contre l’humanité alors qu’il constitue une différentiation réelle et radicale entre l’animalité qui ne pratique pas le crime de masse et l’humanité, ainsi la torture est-elle inhumaine alors qu’elle est propre aux hommes. Nous savons bien que les animaux ont des aptitudes physiques qui nous sont souvent supérieures, qu’ils souffrent comme nous pouvons souffrir, que leur intelligence si elle n’est pas égale à la nôtre n’en est pas pour autant de nature différente, que même certains jouissent de la conscience de soi (comme les grands singes, les éléphants, les dauphins) et sont éventuellement capables, dans la limite de leurs capacités cognitives, de maîtriser le langage humain (comme les chimpanzés qui peuvent comprendre un lexique de plusieurs centaines de mots si on les instruit). De sorte qu’il ne nous reste plus que la morale pour établir une séparation nette entre humanité et animalité, la morale et la culture : ainsi ce qui est humain c’est ce qui est moral et culturel, c’est ce qui est collectivement désigné comme bon ou juste ou beau.
Or la morale relève de la collectivité, elle est le produit de la vie en commun et de la nécessité de réguler l’espace public voire privé : est moral ce qui nous est propre en tant que groupe, quand je me conduis de manière morale je rassure les autres quant à mon identité avec eux en leur démontrant que j’appartiens au même groupe et je me rassure en retour quant à ma reconnaissance par les autres de mon appartenance au groupe en tant qu’individu et, par extension, de mon appartenance à l’humanité. Il est inutile d’épiloguer au sujet de la susceptibilité des hommes relativement au respect de leurs mœurs particulières et sur l’extrême importance qu’ils accordent à tout ce qui fonde ses particularités ou les rend perceptibles : ce sont les mœurs qui différencient les sociétés avancées des archaïques, si on se place d’un point de vue occidental et progressiste,ou les sociétés impies des pies, si on se place d’un point de vue arabe et islamique ; ce sont les mœurs que l’on met en avant quand on veut se différencier, l’opposition occident/orient le montre bien car, si on peut admettre que les Arabes n’ont rien de tangible à opposer à l’Europe, les Européens peuvent aisément trouver motif à fonder une différence avec le monde arabe dans tous les domaines puisque dans tous les domaines la puissance de l’Europe est infiniment supérieure à celle du monde arabe. C’est par la morale qu’un groupe se distingue d’un autre, c’est par la prise de conscience de leurs spécificités morales que les groupes se différencient ; au dix-neuvième et au début du vingtième Français et Allemands étaient très conscients de cette différence morale entre les deux nations, ils la mettaient en avant pour justifier leur inimitié, chacune étant bien sûr persuadée de sa supériorité morale par rapport à l’autre, alors qu’aujourd’hui ces mêmes nations partagent mutuellement l’estime de leur haute valeur morale et que leurs extrêmes droites mettent en avant la trop grande différence de mœurs entre les Européens et les autres pour fustiger l’immigration extra-européenne.
Nous sommes humains parce que nous sommes moraux et nous sommes moraux parce que nous respectons les usages de notre groupe particulier et sommes conscients que nous devons respecter ces usages. Ainsi, incapables de nous résigner à abandonner des catégorisations qui semblent n’avoir plus lieu d’être comme celles de noir et de blanc à partir du moment où l’on ne peut plus faire semblant de croire qu’il y a des races humaines distinctes, placés devant la nécessité de remplir une notion vidée de sa substance et marqués par l’idée qu’il faut distinguer les Blancs des Noirs, et considérant que les Noirs ne sauraient être les égaux des Blancs, nous élevons les Blancs que nous sommes en dépositaire de la morale par opposition aux Noirs que nous ne sommes pas et dont nous considérons que, forcément, ils nous sont inférieurs au plan moral, puisque il n’y a plus d’autre domaine où ils peuvent nous être inférieurs et qu’ils doivent l’être, inférieurs. D’où le fait que M. Sevran utilise le terme de « noir » plutôt que celui d’ « africain » pour désigner ses odieux reproducteurs de la misère humaine, parce que le Noir est mauvais et que si des hommes agissent mal ils ne peuvent être africains mais noirs. N’oublions pas qu’il dénonce la méchanceté de ces Noirs qui se reproduisent follement en compassion, que nous n’avons aucune raison de considérer comme insincère, pour les malheureux enfants africains, qui ont pourtant la même couleur de peau que leurs pères. C’est pourquoi je pense qu’il faut lui accorder crédit quand il dit qu’il n’est pas raciste : il le dit et il ne l’est pas au sens où il ne pense pas que les hommes noirs sont inférieures aux blancs. Quand il dit « noir » il pense « africain », seulement il est tellement évident que ce qui est mal est le fait du Noir que, lorsque il éprouve de la pitié envers des enfants africains et réprouve le régime démographique des familles africaines (dans certains milieux sociaux du moins), il ne peut pas écrire « africain » justement parce qu’il respecte les Africains et s’attriste de les voir se condamner eux-mêmes à la misère et au sous-développement du fait de l’explosion démographique induite par une natalité excessive. Paradoxalement c’est peut-être parce qu’il n’est pas raciste au point de vue intellectuel qu’il essentialise et racialise en tant qu’attribut du Noir ce qui relève d’un contexte social et culturel africain, c’est parce qu’il reconnaît que les Africains sont des hommes comme nous aptes à améliorer leur conditions d’existence qu’ils s’offusquent de la persistance de régimes démographiques qui condamnent les populations africaines à la pauvreté, c’est pour cela qu’il va mobiliser cette notion de « noir », parce qu’il pense que l’«Africain » est un homme comme nous et que c’est le « noir » dans l’Africain qui est mauvais ; il racialise et essentialise justement parce qu’il reconnaît que l’Africain est un individu à part entière et que, forcément, quand il faut décrire quelque chose de mal chez cet individu à part entière qu’il ne veut pas stigmatiser du fait de son appartenance à une nation particulière, sa plume « fourche » et l’africain pris dans un contexte social et culturel particulier devient noir, intemporelle et universelle figure de ce qui est mauvais dans notre société.
En fait ce sont les présupposés idéologiques de notre société où les Blancs qui ne se revendiquent pas comme tels s’approprient la morale pour dénier aux Noirs leur humanité pleine et entière et permettre ainsi la perpétuation de catégories de pensées et de représentations du monde qui sans cela tomberaient en obsolescence –ce sont ces présupposés-là qui s’expriment inconsciemment sous la plume de M. Sevran. La pensée de l’auteur n’est pas raciste, pas plus que la personne qui l’émet, mais les mots qui sourdent dans le cadre culturel de notre société sont racistes et finissent par contrefaire les idées de l’auteur, qui pourraient tout aussi bien s’appliquer dans l’Italie d’avant guerre ou dans la Grande-Bretagne de la première moitié du dix-neuvième siècle, sociétés ravagées par l’explosion démographique. Je dirais que M. Sevran n’est pas raciste d’un point de vue intellectuel mais qu’il l’est d’un point de vue social, en ce sens qu’il mobilise une notion construite par notre société (c’est-à-dire par nous, y compris ceux parmi nous qui, à l’instar de M. Sevran, ne sont pas racistes, pensent ne pas l’être et sont sincères quand ils disent ne pas l’être –ce qui ne veut pas dire que toutes les personnes qui disent ne pas être racistes sont sincères, évidemment, mais je crois que les hypocrites qui serrent la main de leur collègue noir tout en n’en pensant pas moins sont suffisamment malins pour ne pas se laisser prendre en flagrant délit, a fortiori s’ils sont écrivains et se relisent) : il est la victime inconsciente du racisme social dont nous sommes tous responsables puisque nous sommes les acteurs de cette société et que nous sommes libres..
Les imbéciles de droite qui applaudissent la parole impolitiquement correcte feraient mieux de réfléchir à ce que décèle de l’état de notre société, société tribaliste, ethniste et racialiste qui fournit à certains de ses enfants les meilleures raisons du monde de la détester et de l’exécrer violemment tandis qu’elle donne à d’autres les meilleures raisons du monde de la perpétuer dans sa folie autodestructrice, la prose de M. Sevran. Les imbéciles de gauche qui dénoncent les outrances verbales et ostracise l’odieux personnage qui les profère feraient mieux de ne pas oublier qu’ils font partie de la société qui s’exprime, sans doute contre la pensée intime et profonde de l’auteur, dans ces outrances. Un honnête militant d’extrême gauche dirait quePascal Sevran est une victime de la société mais je ne suis pas d’extrême gauche et les braves militants d’extrême gauche et de gauche pas extrême tombent à bras raccourci sur le méchant homme. Pascal Sevran n’est pas une victime car il dispose de l’outillage nécessaire afin de ne pas être le jouet de la société dans ce qu’elle a de plus obscène, il n’était pas déterminé absolument à écrire ce qu’il a écrit comme le type qui jette de l’essence sur une jeune femme dans un bus avant de craquer une allumette et de l’incendier n’est pas absolument déterminé à le faire : écrire n’est pas s’exprimer spontanément, même quand il s’agit d’un journal, l’auteur est libre des mots qu’il choisit, en tout cas il est libre de réfléchir à leur sens et d’en tirer les conséquences qu’il veut. Pascal Sevran est coupable d’avoir utilisé les mots dont nous sommes responsables des connotations : doit-on se satisfaire qu’il s’excuse de matérialiser comme dans un acte manqué ce qui relève d’un discours idéologique collectif ? Ostraciser celui qui émet sans le vouloir une proposition raciste, n’est-ce pas un moyen de repousser comme étranger ce qui émane de nous en tant que société ? Et finalement de continuer à « faire comme si », en refusant, une fois de plus, de nous regarder en face ?
Toutes ces indignations et tous ces applaudissements embaument un doux parfum de narcissisme, un peu comme ce doux poison que les Indiens de l’antiquité élaborait avec la fiente d’un oiseau dont j’ai oublié le nom si jamais je l’ai su un jour et qui tuait sans douleur et sans violence celui qui l’ingurgitait, qui pouvait ainsi se coucher et s’endormir quiètement en attente d’une mort agréable et inconsciente. Le poison des rois…
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire