...indifférence envers les souffrances morales endurées par les derniers représentants de la classe ouvrière renvoyés à leur statut de parasites sociaux dans le cadre de la mondialisation capitaliste, véritable acte de trahison de classe qui vaudra l'empalement à son auteur un soir assez dérisoire où des cortèges de salariés licenciés et hystériques manifesteront leur colère insensée contre leur licenciement.
Les entreprises passent leur temps à se plaindre de la difficulté de casser les contrats de travail, et nous pleurnichons: mais pourquoi nous accrocherions-nous à ces entreprises de m...? Pourquoi nous, salariés, devrions-nous nous sentir concernés par l'avenir de l'entreprise pour laquelle nous travaillons? Nous travaillons pour gagner notre vie, l'entreprise nous embauche pour gagner celle de ses propriétaires; le lien qui unit le salarié à l'entreprise relève tout bonnement de l'intérêt: pourquoi nous empêtrer dans le ridicule où nous confine cette manie de se sentir lié d'affection avec la boîte qui nous rémunère?
Personnellement je travaille depuis 9 ans pour l'entreprise ***, avant d'être embauché par cette boîte j'ignorais jusqu'à son existence: en étais-je malheureux, de cette ignorance? Aujourd'hui je bosse 25h par semaine -une petite pensée émue pour tous les cadres qui sont fiers de "travailler dur"- pour environ 1 500€ par mois et c'est bien cela qui m'importe: ces conditions fort avantageuses qui dureront ce qu'elles dureront -inch'les actionnaires. Mais que m'importe d'être payé par la boîte X ou la boîte Y -de toute façon à l'heure actuelle on (moi et mes collègues) bosse pour des Italiens, on a failli être racheté par des Américains et, si ça se trouve, on finira chinois ou norvégien. Quoi qu'il en soit je ne suis nullement responsable de l'évolution future de cette société qui m'emploie; quoi que je dise, fasse, pense ou décide quant à ladite société, je n'influerai jamais en rien sur ses investissements, ses orientations stratégiques, etc.. Puisque je ne suis pas partie prenante de son gouvernement, que je ne peux participer en rien à celui-ci, il m'est absurde et vain, en tant que salarié, de considérer l'entreprise qui m'emploie comme une communauté de destin. Certes l'entreprise développe toujours un discours hypocrite en posant en défenseur de valeurs morales ainsi qu'en prônant une culture d'entreprise mais seul un fou peut croire à de telles calembredaines: d'une part parce que chacun se rendra compte que l'entreprise n'emploie de salariés qu'en tant qu'ils lui rapporte de l'argent, qu'ils lui permettent d'en gagner, et d'autre part parce que l'entreprise n'exècre rien tant que l'idée de cogestion paritaire salariés/investisseurs, autrement dit elle récuse absolument et violemment l'idée d'associer les salariés qu'elle embauche à sa gouvernance. De fait l'entreprise déresponsabilise le salarié quant à sa gestion et à son évolution et le considère comme un corps étranger, un parasite qui doit être maintenu à l'écart des lieux de pouvoir: si l'entreprise me considère comme un étranger qui n'a pas à participer à son gouvernement, cela ne signifie-t-il pas tout simplement qu'elle ne constitue pas une communauté humaine? Qu'elle n'est qu'une gigantesque machinerie dont les hommes sont de simples rouages? Cela ne signifie-t-il pas que le discours qu'elle produit sur la culture d'entreprise, le travail en commun, la collaboration du salarié avec l'entreprise, n'est qu'un écran de fumée dont la fonction est de circonvenir le salarié en masquant la finalité strictement utilitaire de l'embauche, finalité utilitaire au sens où elle doit permettre d'accroître autant qu'il est possible le capital investi et nullement le niveau de vie du salarié? Déconstruisons tous ces vains discours auquel nous ne croyons que par faiblesse et lâcheté, pour nous masquer notre servitude volontaire à l'égard de l'entreprise. Déconstruisons-les et réduisons l'entreprise capitaliste à ce qu'elle est véritablement: un formidable instrument de création de richesse économique et un formidable créateur d'inégaliés sociales à la fois. Déconstruisons toutes ces fictions sans en bâtir de nouvelles (du genre communisme, qui est autant inégalitaire que le capitalisme mais qui en plus est inefficace au plan économique, sans compter qu'il sécrète un nihilisme et une violence pire encore que la grande saloperie capitaliste). Reconnaissons le capitalisme et l'entreprise pour ce qu'ils sont et construisons les conditions qui permettront un partage équitable des richesses, de telle sorte que chacun puisse être assuré d'une vie décente et digne dans une économie prospère. Et c'est pourquoi je dis: vive la flexibilité car cette exigence grandissante du patronat nous fournit, si on pousse la logique patronale jusqu'au bout et qu'ons'émancipe des fictions auxqeulles nous nous obstinons à adhérer (l'entreprise comme communauté humaine) -cette exigence grandissante dis-je nous fournit l'argumentation nécessaire à l'instauration d'un nouveau régime salarial au sein duquel chacun se trouverait libéré de la nécessité de complaire à son patron (et donc reconquerrait son autonomie éthique jusque dans son travail) tout en établissant un rapport de forces équilibré entre patronat et salariat.
Ainsi donc pourquoi nous morfondrions- nous de devenir des employés jetables? Les patrons exigent de pouvoir rompre unilatéralement et sans délai les contrats de travail: et moi je dis banco. Au lieu de nous attrister, saisissons la perche que les gentils actionnaires et les gentils patrons nous tendent et cassons tous les liens d'affection et de loyauté que nous tissons bêtement envers les entreprises qui nous embauchent, cassons ces liens qui nous aliènent et émancipons-nous de toute forme de patriotisme ou de culture d'entreprise car c'est bien ce patriotisme et cette culture qui empêchent les salariés de se penser en tant que salariés tout court et donc de s'organiser efficacement pour mieux défendre leurs intérêts. Les employeurs veulent des employés jetables, eh bien j'y consens, consentons-y à condition d'établir les conditions sociales qui rendent possibles la réciproque: l'employeur jetable du point de vue de l'employé.
C'est pourquoi, chers concitoyens salariés de toutes obédiences, je vous propose de proclamer l'indépendance du salariat français et la création de la Confédération Nationale du Travail (faudra d'ailleurs opter pour un nom officiel différent sinon les anarchistes vont porter plainte pour atteinte au droit de la propriété intellectuelle) . La CNT en question serait formée par la totalité des salariés actifs ou retraités: seuls les affiliés à la Conf' pourraient occuper des emplois salariés -le patron embauchant un non-affilié étant fusillé avec ses enfants mâles, l'épouse et les enfants femelles étant condamnées à être violées par le corps entier des affiliés mâles à la Conf': ces mesures peuvent sembler drastiques voire quelque peu excessives mais enfin on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs, demandez aux dirigeants d'Aubade qui vont embaucher des Chinois à 50 centîmes de l'heure...Ladite Conf' serait dirigée par un corps d'administrateurs locaux et nationaux élus par les salariés-citoyens pour une durée quedans ma grande sagesse je fixerais à 4 ans grand maximum; elle serait absolument indépendante de l'Etat. Relèveraient de son exclusive compétence: la négociation des conventions collectives (qui se substitueraient progressivement au droit du travail voté par le Parlement), l'inspection et la médecine du travail, les négociations salariales avec les branches et la redistribution du fruit de ces négociations aux salariés (qui ne seraient plus payés par l'entreprise qui les embauche mais par la Conf'), les caisses d'assurance chômage et vieillesse ainsi que la couverture santé complémentaire, la formation professionnelle et les agences pour l'emploi, et sans doute d'autres choses encore qui ne me viennent pas à l'esprit pour le moment.
N'oublions pas camarades et pas-camarades (je signale que je fais partie des pas-camarades, je signale notamment à l'attention des camarades adeptes du tutoiement intempestif qu'ils pourraient bien tâter de ma guillotine portative made in China s'ils s'oubliaient- quant aux tutoyeurs compulsifs, qu'ils sachent que dans ma grande commisération j'aurai égard au petit zizi dont la nature dans sa très-grande injustice les a affublés et m'abstiendrai de toutes représailles à leur encontre- enfin si c'est une fille on réglera l'affaire à l'amiable qu'elle soit intempestive ou compulsive sinon: couic)- n'oublions pas, disais-je, que ce qui nous asservit au grand capital tout méchant qui fait que de faire des bêtises et dire des gros mots et foutre des coups de poings dans le dos pendant la récré, que ce qui nous asservit donc ce n'est pas la répression mais notre propre aveuglement, notre acharnement aveugle à défendre des acquis sociaux qui nous ont été concédés à l'époque du péril rouge et sous la menace d'icelui, sous l'égide d'un Etat qui n'a de français que le nom et qui ne proétégeait les salariés que par crainte que ceux-ci ne se révoltent contre Lui, mettant ainsi un terme au règne de l'oligarchie sénéscente qui L'a institué afin qu'Il défende ses intérêts de caste contre les prétentions irréalistes, insupportables, et contraires à l'intérêt supérieur de la nation (ah oui, l'intérêt supérieur de la nation se confond généralement avec l'intérêt des classes supérieures de la nation, sans doute parce qu'elles sont, ces classes, supérieurement intelligentes et informées de la dure réalité du monde et de l'ordre des choses contre lequel on ne peut rien), contre ces prétentions irrationnelles de la vile populace. Finalement les acquis sociaux n'auront été que des expédients imposés par un Etat clairvoyant (c'est-à-dire décidé à continuer dans son être et donc attentif à tout ce qui serait susceptible de le mettre en danger) à des élites recroquevillées sur leurs privilèges (attitude bien française que l'on retrouve dans la défense désespérée et sans issue des "acquis sociaux") afin de sauver le capitalisme français du naufrage. Maintenant que le danger a disparu (eh! félicitons-nous- en, le communisme étant encore plus dégueulasse que le capitalisme) le même Etat démantèle l'appareil d'expédients qu'Il avait patiemment édifié de la fin du dix-neuvième siècle jusqu'aux années 70 du siècle dernier: seuls les naïfs (dont je fus longtemps) et les innocents peuvent s'en offusquer.
Ces acquis sociaux dont nous nous vêtissons fièrement alors qu'ils ne sont plus que haillons, ces acquis sociaux, dis-je, sont bien l'instrument de notre perte, ils forment une illusion nocive car ils ne protègent finalement plus grand monde mais interdisent à tous de se saisir des opportunités extravagantes que nous promet la vie dans une société riche comme jamais elle ne l'a été (et pas qu'au point de vue économique) et notamment d'utiliser l'exigence de flexibilité des patrons afin de nous émanciper des cadres mentaux qui nous empêchent de tirer pleinement profit de cette richesse. Approprions- nous cette revendication patronale en l'adaptant à nos intérêts en tant qu'individus salariés; ainsi nous nous libérerons de cette double sujétion qui nous limite ou nous oppresse: la sujétion à l'entreprise qui nous nourrit et la sujétion à la petite société que forment les collègues.
Envoyons les entreprises et l'Etat se faire foutre et braillons vive la flexibilité dans la liberté et l'autonomie. ..
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